A – Préambule
La vie est faite de cycles et l’évolution des sociétés n’échappe pas à cette règle.
La démocratie telle que nous la concevons, directement issue de la Révolution Française et du mouvement des Lumières, est atteinte dans ses principes, dans tout le monde occidental.
La devise républicaine, Liberté, Egalité, Fraternité qui figure au fronton de nos mairies et de certaines de nos écoles, est battue en brèche, détricotée en France et dans le monde occidental.
Partout, on assiste à la progression de ce que l’on appelle « l’illibéralisme ». Ce terme a été popularisé depuis un peu plus de 25 ans par un journaliste américain Fareed Zakaria (la montée des démocraties illibérales). Celles-ci continuent de reposer sur un régime électoral, sans toutefois respecter l’état de droit, le parlementarisme ou les droits humains.
En Europe, les exemples les plus frappants sont ceux de la Hongrie de Victor ORBAN, de la Tunisie, de la Pologne, du PIS avant la victoire de la coalition de centre droit de Donald Trusk.
Ces régimes remettent en cause l’état de droit.
Ceci nous ramène aux propos récents du ministre de l’intérieur Français Benoit Retailleau proclamant que « l’état de droit n’est ni intangible, ni sacré ».
En remettant en cause l’intangibilité de l’état de droit au nom de supposées attentes du « peuple souverain », notamment en matière d’immigration, le nouveau ministre de l’intérieur place un peu plus la France sur la voie des démocraties illibérales.
Rappelons ici les quatre principes de l’état de droit :
1. La légalité avec la procédure d’adoption des textes de loi fondée sur la transparence, l’obligation de rendre compte et la démocratie
2. La sécurité juridique
3. L’interdiction de l’arbitraire
4. L’accès à la justice devant des juridictions indépendantes et impartiales, avec contrôle.
Avec la multiplication du recours au 49/3 pour l’adoption de nombreux textes et notamment le budget 2024, le président Macron avait déjà amorcé un pas significatif vers cet illibéralisme très dangereux pour nos sociétés.
B – Comment réagir ?
Dans l’état actuel de la situation politique et de la vacuité des partis de gouvernement, la victoire du Front National à l’élection présidentielle de 2027 est à mes yeux inéluctable. Pour s’en convaincre, il n’est, par-delà la situation politique française, que de regarder ce qui se passe en Europe !
Partout, l’extrême droite « illibérale » dans son essence est à la porte du pouvoir en exploitant le thème de l’immigration !
Face à cette menace, la social-démocratie est en panne. Elle n’est pas aujourd’hui en capacité de stopper cette montée des extrêmes qui menace tous les fondamentaux de la démocratie, cette grande avancée du siècle des lumières !
Le parti socialiste n’est plus que l’ombre de lui-même pour ne pas avoir su se renouveler et proposer un projet de société novateur.
Le problème est de concevoir l’avenir en conjuguant les principes fondateurs de la république (Liberté, Égalité, Fraternité) avec les paramètres nouveaux de la période ; l’enjeu écologique est fondamental, mais ceux de l’Equité sociale et territoriale le sont tout autant. (sans parler de la laïcité)
La situation est suffisamment grave pour que la réflexion au sein des forces de gauche s’accélère et que celles-ci apparaissent comme une alternative crédible face au Font National.
Le travail a commencé tant au niveau national que local, mais il faut d’urgence passer à la vitesse supérieure et refonder la social-démocratie. Le temps presse !
Le PS doit être le fer de lance de cette refondation.
C – L’exemple des années 1980
En 1969, la SFIO s’est transformée en nouveau Parti Socialiste, le 4 mai lors du Congrès d’Alfortville. Celui-ci désigna Gaston Deferre comme candidat à l’élection présidentielle. Le résultat fut catastrophique : 5,01 % des voix au 1er tour. Les socialistes n’étaient plus crédibles et il fallait refondre la doctrine et la stratégie, notamment de l’union de la gauche.
Entre 1969 et 1971, un gros travail de réflexion, de refondation fut entrepris dont l’aboutissement fut le Congrès d’Epinay en 1971 avec l’adoption du programme « changer la vie » et l’élargissement à d’autres forces politiques socialistes.
Ce programme de gouvernement fut publié quelques mois avant le programme commun de l’union de la gauche.
Il était enthousiasmant car il fixait des objectifs de rupture et développait des idées novatrices dont plusieurs furent appliquées après la victoire de l’union de la gauche en 1981.
Ce programme socialiste fut le déterminant de mon adhésion au PS.
Je me souviens de ce jour de 1972 où, devant le collège Jules Ferry (à l’époque le lycée), à l’angle de la rue Jules Ferry et de la rue des Carmes, je découvris cette affiche avec le point et la rose et l’invitation à une réunion.
A cette époque de la refondation, il y avait, dans le Cantal, 11 adhérents au PS.
La cheville ouvrière, depuis la SFIO, était à l’époque Louis Bastide, un enseignant du Lycée Emile Duclaux.
Le proviseur du Lycée Technique Jean Monnet, Claude Tanné fut l’homme de la reconstruction dans le Cantal.
Très vite, fut loué un local, rue Vermenouze, aménagé pour l’essentiel par Anne Terrisse, qui devint plus tard l’épouse de Claude Tanné.
Je fus très rapidement « promu » secrétaire de la toute jeune section d’Aurillac, sans la moindre expérience à l’époque. J’avais 29 ans !
Claude Tanné est à l’origine du journal de la Fédération, « l’espoir du Cantal », qui fut un vecteur important pour faire connaître localement le PS et ses positions.
J’écrivis de nombreux articles, comme Claude Tanné, Louis Bastide, Antonin Lac (un grand résistant, instituteur à la retraite).
Rapidement, les effectifs progressèrent et peu à peu, de nouvelles sections virent le jour.
Lorsque se profilèrent les élections législatives de 1973, environ un an après mo/n adhésion au PS, Claude Tanné et Antonin Lac furent naturellement candidats sur la circonscription d’Aurillac. Avec 13,13 % des voix, c’était encore loin du PC (21,16 %), mais un grand progrès par rapport à la période précédente.
Quant à moi, les amis me demandèrent d’être candidat sur la circonscription de Saint-Flour pour laquelle il n’y avait pas de volontaire.
Ce fut pour moi une grande expérience et le véritable début de mon parcours politique.
Mon suppléant fut Albert Mizoule, instituteur.
Nous n’avions, sur la circonscription de St Flour, qu’une poignée d’adhérents et guère plus de sympathisants déclarés. A. Mizoule ayant été conseiller pédagogique connaissait très bien tous les enseignants de la circonscription et c’est sur eux que nous nous sommes appuyés, les visitant systématiquement lors de notre passage dans les communes (nous les avons toutes parcourues).
Ce fut une épreuve physique pour moi, mais un grand succès politique. Avec 18,52 % des voix (15 % pour le PC) dans l’ancienne circonscription de Georges Pompidou (élu député en 1968) ; ce fut un score très marquant qui contribua beaucoup à la crédibilité du PS et préfigura nos victoires ultérieures.
Conclusion
Les rappels ci-dessus sont là pour illustrer mon propos introductif sur les cycles.
Aujourd’hui, le PS, comme la SFIO en 1969, est au plus bas.
L’histoire est là pour rappeler que c’est au plus bas du cycle qu’il faut reconstruire.
Le moment est venu pour tous ceux qui se reconnaissent dans les valeurs de liberté, d’égalité, de fraternité, de s’engager et de faire rêver les Français sur un avenir plein de promesses.